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Blog de Villedaixenprovence.fr
30 octobre 2017

LEFIGARO SANTE -Comment 8 AVC sur 10 pourraient être évités

30 octobre 2017

LE FIGARO SANTE - Comment 8 AVC sur 10 pourraient être évités

 

 

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Comment 8 AVC sur 10 pourraient être évités

AVIS D’EXPERT - Le professeur Serge Timsit met en avant cinq mesures préventives à l’occasion de la Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral.

L’accident vasculaire cérébral (AVC) survient lorsqu’une artère à destination cérébrale est bouchée (85 % des AVC sont des accidents ischémiques) ou lors de la rupture d’une artère intracérébrale qui provoque une hémorragie (AVC hémorragique ou hématome). En France, près de 800.000 personnes sont atteintes aujourd’hui par un AVC et plus de 500.000 gardent des séquelles. Pourtant, il est possible d’éviter nombre de ces accidents grâce à des mesures préventives. C’est ce que rappelle le Pr Serge Timsit* à l’occasion de la Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral, qui se déroule ce 29 octobre. 

*Le Pr Timsit est président de la Société française neuro-vasculaire et chef de service de neurologie et unité neurovasculaire au CHRU de Brest.

LE FIGARO. - Pourquoi aujourd’hui mettre en avant la prévention primaire, c’est-à-dire chez les personnes non malades?

Pr Serge TIMSIT. - Pendant longtemps, notre priorité a été la prise en charge des malades. Aujourd’hui, même s’il reste encore beaucoup à faire, nous sommes en mesure de mieux soigner les malades et de diminuer le risque de séquelles, grâce à l’établissement de la filière neurovasculaire organisée autour de l’unité neurovasculaire et aux progrès réalisés en matière de traitement ces dix dernières années. Nous pouvons donc maintenant nous focaliser sur la prévention primaire. 

Comme l’a montré l’étude internationale Interstroke, 10 facteurs de risques modifiables contribuent à la survenue de 90 % des AVC. Il s’agit de l’hypertension artérielle, du tabagisme, d’un rapport taille-tour de hanche élevé, de la sédentarité, d’une alimentation défavorable à la santé, du cholestérol, des facteurs psychosociaux (stress, dépression, événements de la vie), des causes cardiaques, de la consommation d’alcool excessive (plus de 14 verres par semaine chez les femmes et 21 chez les hommes) et du diabète.

Quels sont les taux de réduction attendus grâce à cette prévention primaire, c’est-à-dire avant la survenue d’un AVC?

On estime que 80 % des AVC pourraient être évités à l’échelon individuel en contrôlant au mieux ces facteurs de risque. Cela signifie que sur les 140.000 nouveaux cas annuels nous pourrions sans doute en éviter la moitié. C’est énorme, lorsque l’on sait que l’AVC est la première cause de handicap acquis de l’adulte, la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer, et est devenu la première cause de mortalité chez la femme.

» AVC: quelle prévention?

«L’hypertension multiplie par 10 le risque d’AVC hémorragique et par 4 le risque d’AVC ischémique. Quant au tabac, il double le risque d’AVC ischémique»

Pr Serge TIMSIT

Dans votre campagne, vous mettez l’accent sur cinq mesures préventives. Pourquoi avoir choisi celles-là?

Nous nous sommes concentrés sur cinq facteurs accessibles et/ou moins bien pris en charge: contrôler la pression artérielle, manger sainement, lutter contre la sédentarité, contrôler son cholestérol, avoir une activité physique, arrêter de fumer. Dans la majorité des cas, les patients souffrant de diabète ou d’un problème cardiaque sont suivis par un médecin. En revanche, 50 % des hypertendus ignorent qu’ils le sont. Or l’hypertension multiplie par 10 le risque d’AVC hémorragique et par 4 le risque d’AVC ischémique. 

Quant au tabac, il double le risque d’AVC ischémique. Chez les femmes jeunes qui prennent la pilule, le tabac est particulièrement redoutable, d’autant plus si elles sont migraineuses. À l’inverse, la consommation de fruits et de poisson est associée à une réduction du risque et l’activité physique régulière diminue d’un tiers le risque d’AVC. Nous aurions pu également associer la consommation d’alcool excessive. Mais nous voulions un message plutôt positif. C’est pourquoi nous avons choisi de mettre en avant les bénéfices de manger sainement et de pratiquer 30 minutes de marche par jour.

» Comment vivre après un AVC?

Est-ce que la prévention a aussi sa place après un accident ischémique transitoire (AIT)?

Plus que jamais. Il y a environ 35.000 AIT par an. Il s’agit d’une atteinte d’origine vasculaire qui provoque des troubles neurologiques transitoires latéralisés et indolores typiquement de moins d’une heure. Ils ne laisseront pas de séquelles mais précèdent 20 % des infarctus cérébraux. Or nous savons aujourd’hui que la prise en charge adéquate des AIT dans les 12 heures après leur apparition permettrait de réduire de 80 % la probabilité de la survenue d’un AVC ischémique ultérieur. Nous sommes donc bien dans la prévention. C’est pourquoi nous sommes favorables au développement des cliniques AIT, comme celle créée à l’hôpital Bichat. Ces cliniques réalisent, dans la journée, tous les examens nécessaires suite à un AIT. Il en existe pour l’instant deux en France, à Paris et à Toulouse. Nous devons pouvoir les développer sur tous les territoires.

» Comment sait-on qu’on est victime d’un AVC?

Quels progrès ont été réalisés dans la prise en charge des AVC ?

Comme je le disais en introduction, la filière neurovasculaire s’est beaucoup développée grâce au plan AVC 2010-2014 et les unités neurovasculaires qui permettent de diminuer d’environ 20 % la morbi-mortalité sont désormais présentes sur tous les territoires. Une fois le 15 composé, les patients sont admis dans un circuit organisé et coordonné avec l’ensemble des professionnels de santé jusqu’à l’arrivée au sein d’une unité neurovasculaire où une équipe dédiée s’occupera d’eux. Cependant, toutes les personnes concernées n’appellent pas le 15. Nous devons continuer à promouvoir ce numéro. 

Les traitements ont également évolué. Au côté de la thrombolyse (à moins de 4 h 30 après la survenue de l’AVC ischémique), est arrivée, en 2015, la thrombectomie (à moins de 6 heures après la survenue de l’AVC ischémique). C’est une technique de neurologie interventionnelle qui permet de retirer le caillot dans l’artère bouchée et éviter un handicap sur trois ou quatre. Or tous les centres neurovasculaires ne sont pas adossés à un centre de neurologie interventionnelle sur place. La question aujourd’hui est de pouvoir proposer cette technique à tous les patients éligibles à ce traitement, soit environ 10 % des personnes frappées par un AVC.

* Président de la Société française neuro-vasculaire. Chef de service de neurologie et unité neurovasculaire, CHRU Brest

Anne Prigent
 Journaliste - Sa biographie
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