A nouveau pointée du doigt pour avoir déversé pendant des années des tonnes de boues rouges au large de Cassis, l’usine Alteo vient de lancer une campagne scientifique en mer. L’entreprise d’alumine, qui a obtenu en décembre 2015 l’autorisation de rejeter des effluents liquides dans le parc des Calanques, s’est engagée à mener, en échange, ce genre d’étude pour mesurer « l’impact écologique et sanitaire » de ses rejets et « poursuivre l’acquisition des connaissances (…) sur le comportement des sédiments déposés » pendant plusieurs décennies.
La campagne, qui devrait s’étaler sur deux ans, prévoit des observations et un recensement du milieu marin, ainsi que des prélèvements réguliers d’eau, de poissons, etc. Elle sera menée par des « bureaux d’études et des universitaires » indépendants, promet l’industriel qui la finance intégralement à hauteur de 1,5 million d’euros. « Le protocole scientifique a été validé par le comité de surveillance et d’information sur les rejets en mer (CSIRM) qui compte un collège d’experts et un collège d’observateurs composés d’associations de l’environnement, précise Eric Duchenne, directeur des opérations à Alteo. Il n’y a pas plus indépendant que ce comité ! »
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Repeindre les murs en vert
L’argument ne convainc pas les opposants à Alteo, comme Alain Matesi, président du CoLLecT-IF environnement. « Ils financent une étude et vont en donner les résultats. Ils sont juge et partie, estime-t-il. Il ferait mieux de donner de l’argent aux associations ou au parc des Calanques pour mener une véritable expertise indépendante ». Pour l’écologiste, cette campagne en mer n’est qu’une opération de « greenwashing » pour améliorer l’image de l’entreprise : « Cette affaire est un scandale depuis les années 70, avec un chantage à l’emploi permanent. Aujourd’hui, ils essaient de repeindre les murs en vert, voilà tout ».
Ce n’est pas un hasard si l’entreprise a choisi de communiquer maintenant sur cette campagne en mer. Après un reportage dans l’émission Envoyé Spécial sur France 2 en août, Thalassa s’est intéressée samedi soir aux boues rouges qu’elle a rejeté pendant des années en Méditerranée. La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, en a profité pour pointer une nouvelle fois la responsabilité de Manuel Valls dans la décision préfectorale : « Il a donné un ordre au préfet. Le préfet a donné l’autorisation. Je ne peux pas donner un contre-ordre. En revanche, mon rôle, c’est de dire que je ne suis pas d’accord ».
Pourquoi des rejets #toxiques arrivent-ils dans le@ParcCalanques ? #Thalassa est allé demander à@ecologiEnergie
Un, deux, trois pilotes
La diffusion du reportage de Thalassa tombe plutôt mal pour Alteo qui est censé présenter fin septembre devant la commission de suivi de site (CSS) « sa feuille de route » pour respecter toutes les normes environnementales et sanitaires. Lors de contrôles inopinés en mars, avril et mai, la préfecture des Bouches-du-Rhône a constaté en effet des « dépassements de certains seuils fixés par les arrêtés » - sans préciser lesquels. Avec mise en demeure de régler le problème en deux mois et signalement au parquet à la clé.
Selon Erich Duchenne, l’entreprise travaille « énormément » à mettre au point les technologies pour respecter ces seuils d’ici la fin de l’autorisation en 2021. « Nous avons déjà lancé un premier pilote industriel avec une neutralisation au gaz carbonique, explique-t-il. Nous sommes en train de démarrer le deuxième pilote avec une neutralisation au chlorure d’aluminium et nous allons lancer un troisième pilote en octobre. Notre objectif, c’est d’avoir le choix entre différentes solutions en 2017 ».
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